KibboutzBox : la nostalgie collectiviste livre les années 1970 à votre porte

Israël : un kibboutz lance un service de livraison de nostalgie « idéologique » à domicile

Un retour aux années 1970 sans quitter son canapé en skaï

Dans le sud d’Israël, un kibboutz semi-actif du Néguev, autrefois florissant mais aujourd’hui surtout animé le dimanche lors de l’arrivée des croissants congelés du supermarché coopératif, vient de lancer un service tout à fait révolutionnaire : la livraison mensuelle de souvenirs idéologiques sous forme de coffrets vintage. Objectif ? Permettre aux ex-militants devenus managers de « revivre l’utopie collectiviste en pantoufles », selon le slogan officiel.

Baptisé « KibboutzBox », le programme promet chaque mois une dose concentrée de camaraderie en carton : coupures jaunies du journal Davar, polos rayés du mouvement de jeunesse, recettes de soupe aux lentilles pour 60 personnes et même un fond sonore de débats animés sur la répartition du yaourt aux abricots. Pour 39 shekels par mois, l’esprit d’engagement collectif vient frapper à la porte, en version désinfectée et sans engagement syndical.

Livraison par camionnette Moskvitch et ambiance collectiviste préchauffée

Le service est assuré par une camionnette soviétique retapée, au klaxon qui joue l’Internationale. Dès son arrivée, les clients sont invités à se mettre en tenue de travail volontaire (fourni dans le coffret : salopette beige et autocollant « moins moi, plus nous ») et à faire semblant pendant vingt minutes de construire des serres ou de récolter des tomates, à l’aide de cartes postales pédagogiques imprimées sur du papier recyclé en 1983.

Le sociologue fictif Dr. Emile Navot, expert autoproclamé en « nostalgie fonctionnelle », applaudit cette « reconnection sans engagement ». Selon lui, « revivre un matin de 1976 avec une cafetière émaillée et un tract sur la collectivisation des magnétoscopes, ça change une soirée Netflix ». Il ajoute : « Le ’kibboutz mental’, c’est une solution douce pour ceux qui veulent revendiquer une conscience collective sans partager leur mot de passe Wi-Fi. »

Des options premium pour les plus fervents

Pour les clients en manque d’authenticité, le service propose une « édition pionnière » livrée avec de la poussière authentique du grenier du réfectoire communal et des restes lyophilisés de repas collectivistes typiques. Pour un supplément modique, un comédien déguisé en vieux camarade barbu vient saluer chaleureusement chaque abonné en citant Lenin ou Abba Eban au hasard.

Certaines familles éternellement progressistes vont jusqu’à instaurer une « soirée collectiviste » hebdomadaire, pendant laquelle chacun partage ses chaussettes et ses souvenirs de jeunesse révolutionnaire, sur fond de vinyle rayé chantant Le chant des cerises.

Un succès populaire et capitaliste

Depuis son lancement, plus de 2 000 box ont été expédiées dans tout le pays, notamment dans des quartiers huppés où le mot « collectivité » désigne surtout l’ascenseur commun. L’entreprise envisage même une extension à l’international, avec une version américaine adaptée : « Commune Crate™ », éditée par un fonds d’investissement en nostalgie disruptive.

En attendant, les fondateurs du projet se réjouissent de voir renaître un peu de ferveur idéologique, même si c’est dans un salon climatisé au son de Spotify. « Si on ne peut pas retourner dans le passé, au moins qu’il soit livré à l’heure », conclut l’un d’eux en plaçant précieusement une revue de 1971 sur la table basse design de sa véranda.

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