Titre principal :
Un nid de chouette officiellement désigné chef de projet de l’écoquartier Décotonia
Quand la biodiversité prend les commandes… au sens littéral
C’est une première dans l’histoire de l’aménagement urbain : un nid de chouette hulotte vient tout juste d’être nommé à la tête du chantier Décotonia, un projet d’écoquartier embourbé dans une querelle épique mêlant béton, biodiversité et mauvaises réunions. Le promoteur, en conflit sévère avec la société chargée des travaux — sans parler des écologistes locaux et d’un collectif de joggeurs du dimanche — a décidé de confier symboliquement les rênes du projet à cet occupant ailé jugé « plus stable, plus discret et moins corruptible que les précédents chefs de projet ».
« C’est un choix de consensus », affirme Jacqueline Rieux, directrice communication du groupe Urbavert, le promoteur en question. « Le nid était là bien avant le plan d’urbanisation, et contrairement aux ingénieurs précédents, il ne demande ni parking souterrain ni restaurant d’entreprise. »
Le nid, situé à l’angle sud-est du terrain, dans un vieux chêne rescapé de la première phase de défrichage, a été symboliquement installé dans un container de chantier transformé en bureau de direction. On y a adjoint une mini-perche à souris et une webcam thermique, “par souci de transparence”.
Un arbitrage aviaire qui suscite l’espoir… et quelques interrogations
Du côté du Tribunal Administratif de la Plaine verte, qui doit trancher sur la légalité de l’arrêt des travaux, la manœuvre est accueillie avec prudence. « Nous ne sommes pas certains qu’un habitat nocturne non anthropomorphe remplisse les conditions de représentativité nécessaires », précise un magistrat sous couvert d’anonymat. « Mais c’est toujours plus constructif que la médiation par huissier armé d’un drone. »
Interrogé en bordure du chantier, Jean-Michel Parrot, ornithologue agréé, considère que cette nomination « marque une étape majeure dans la reconnaissance des êtres non-humains comme co-gestionnaires de nos territoires ». Selon lui : « Cette chouette, bien qu’absente des réunions, a un taux d’écoute supérieur à l’ensemble du comité d’urbanisme. »
Déjà un style de management remarqué
Depuis la nomination du nid, plusieurs décisions notables ont été prises : l’interdiction des bulldozers durant les heures de chasse nocturne, la redirection du système d’éclairage pour préserver le sommeil des espèces voisines, et la suspension immédiate d’une voie cyclable qui passait trop près d’un terrier de blaireaux syndiqués.
Sur le terrain, des panneaux de chantier ont été modifiés. L’un d’eux annonce désormais fièrement : « Chef de projet : Strix aluco – en poste depuis 2 nichées ». Des ouvriers ont même révélé que lors de la dernière réunion hebdomadaire, le nid était « représenté par une pelote de réjection déposée sur la table de planification, en signe manifeste de désaccord budgétaire ».
Vers une révolution architecturale plumée ?
Inspirés par cette initiative, d’autres régions envisagent de confier la direction morale de projets sensibles à des espèces protégées. Un projet de centre commercial normand serait actuellement gelé dans l’attente de l’avis d’un couple de hérissons méditatifs, tandis qu’à Marseille, une mouette sénior aurait été sollicitée pour trancher sur l’emplacement d’une passerelle flottante.
Au siège de l’Ordre des Architectes, on reste prudent mais intrigué : « Si cela peut éviter les réunions inutiles et favoriser le vol plané des idées, pourquoi pas… Restera à clarifier la grille salariale pour les entités dotées de serres au lieu de pouces opposables. »
Quant au chantier Décotonia, il avance désormais à un rythme plus lent… mais certainement plus sage. La prochaine étape, selon un document interne, consistera à installer un perchoir de concertation multispéciste, qui pourrait accueillir écologistes, riverains, et le pivert local en tant qu’observateur neutre.
Selon une source proche du dossier : « Si ça marche, le prochain budget municipal sera soumis à une couvée de faucons. »