Une œuvre d’art réclame un CDI pour sortir de la réserve et faire grève

Une œuvre monumentale d’Henri-Georges Adam ressort des placards — avec la ferme intention de négocier son contrat

Après quarante-deux années de silence passées derrière une armoire métallique bancale et trois chaises empilées, une œuvre monumentale signée Henri-Georges Adam a été miraculeusement redécouverte dans les réserves du musée des Abattoirs de Toulouse. Ce n’est pas grâce à une campagne de redécouverte du patrimoine, mais bien à une fuite d’eau persistante qui obligea les agents d’entretien à enfin ouvrir la “porte interdite avec l’étiquette floue”.

“On pensait que c’était une réserve de serpillières”, confie Gérard, agent de maintenance et désormais découvreur d’art contemporain malgré lui. “Mais on s’est retrouvé nez à nez avec ce monstre de béton, métal et frustration.”

Effectivement, derrière le silence institutionnel se cachait une fresque de plus de 8 mètres dont on avait visiblement perdu trace depuis 1981, l’année où l’œuvre aurait été entreposée “temporairement”. Autant dire que dans le monde muséal, le mot “temporaire” peut s’étendre jusqu’à la retraite complète d’un conservateur.

L’œuvre demande un CDI, une mutuelle et au moins deux jours de congés exposition par an

Ce retour triomphal n’a pas été sans rebondissements : selon des sources internes, l’œuvre aurait d’ores et déjà adressé une lettre formelle à la direction du musée, exigeant son intégration au personnel permanent. Le document, manifestement tapé à la machine à écrire (probablement retrouvée à côté d’elle dans la même réserve), réclame un contrat à durée indéterminée, une grille salariale alignée sur celle des médiateurs culturels, ainsi que “le droit fondamental à la valorisation symbolique et à la poussière décente”.

“Je refuse de rester passive dans le couloir menant aux toilettes du rez-de-chaussée”, aurait déclaré l’œuvre, selon une conservatrice visiblement débordée. “Après quatre décennies d’oubli, le minimum est un peu de reconnaissance syndicale.”

Dans une conférence de presse improvisée, le directeur du musée a tenté de calmer la situation : “Nous étudions sa demande comme celle de tout agent contractuel. Cela dit, nous ne disposons pas encore d’un budget prévu pour les tickets-restaurant à destination des œuvres d’art.”

Un retour qui inspire déjà d’autres objets à sortir de leur silence postérieur

Ce cas inédit commence à faire des émules. Une sculpture cubiste entreposée depuis 1994 dans une cave de la bibliothèque municipale aurait elle aussi entamé une procédure pour reconversion professionnelle, invoquant “épuisement physique lié à l’empilement prolongé de caisses en carton sur son dos”.

L’œuvre d’Adam pourrait ainsi ouvrir la voie à tout un nouveau corpus législatif regroupé sous l’épineux acronyme OEUVRES : Organisation des Entités Unicellulaires Visuelles En Réclamation d’Exposition Statutaire. Le ministère de la Culture aurait déjà été saisi par la CGTEA (Confédération Générale du Travail des Entités Artistiques), laquelle défend le droit des œuvres à “être vues au moins une fois tous les 25 ans, sauf exception climatique ou vent contraire dans les salles”.

Un retour très salué, sauf par certains visiteurs inquiets de la présence d’un tableau trop revendicatif

L’exposition temporaire, baptisée « Résidence prolongée : une œuvre enfin dehors », attire déjà curieux, amateurs d’art, et petits syndicats en quête de représentativité plastique. “C’est bouleversant”, confie une visiteuse. “On sent toute la détresse accumulée. Et aussi une forte odeur de naphtaline.”

Des experts en médiation s’accordent sur le fait que l’œuvre, bien qu’inanimée, dégage “une atmosphère de militantisme calme, mais déterminé”. À la question “l’œuvre est-elle possédée ou simplement syndiquée ?”, aucun consensus n’a encore été trouvé.

Une révolution discrète dans le monde de l’art immobile

Si la demande d’un CDI reste symbolique (les objets d’art n’ayant, à ce jour, ni RIB ni NIR), elle relance néanmoins un débat de fond sur le sort réservé aux œuvres dites “de réserve”, ces pièces invisibles qui peuplent les entrailles des musées faute d’espace, de financement ou d’intérêt immédiat.

“Il est temps que les œuvres cessent d’être des figurantes dans leur propre biographie”, conclut une militante du mouvement Égalité d’Accrochage pour Tous. “Elles aussi ont droit à la lumière… ou au moins à un spot LED directionnel !”

Le musée, de son côté, affirme réfléchir à un nouveau statut juridique : “œuvre semi-salariée en contrat d’engagement culturel interstitiel”. Une première en France. Avant, qui sait, peut-être l’affectation d’un code APE réservé aux objets muets, mais obstinés.

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