Le Kenya veut réconcilier avec la police en leur demandant de serrer la main plutôt que la gorge

Kenya : le ministère de l’Intérieur veut « réchauffer » l’image de la police avec un nouveau slogan

Un slogan aux antipodes de la réalité ?

La récente autopsie d’Albert Ojwang, confirmant qu’il a été étranglé et battu à mort en détention, a suscité une vive indignation dans tout le Kenya. Pourtant, alors que de nombreux témoins affirment avoir constaté des brutalités récurrentes, le ministère de l’Intérieur a décidé de lancer une campagne de communication pour vanter la convivialité de ses services. Intitulée « En garde à vue, on vous serre… la main ! », cette initiative se veut rassurante envers la population. Officiellement, il s’agit de « souligner les efforts de rapprochement entre la police et les citoyens », comme l’expliquent les premiers communiqués officiels. Sur le terrain, cependant, l’incompréhension domine : comment un slogan taclant subtilement les critiques sur la violence pourrait-il apaiser la colère des familles de victimes ?

Une stratégie de communication controversée

Dans une conférence de presse étonnamment guillerette, un porte-parole du ministère a insisté sur « l’importance d’un accueil chaleureux » dans les commissariats du pays, promettant que « le citoyen ne doit plus ressentir la moindre crainte » lorsqu’il est placé en garde à vue. « Nous devons montrer que chaque main posée n’est pas là pour étrangler, mais pour saluer », a renchéri le Professeur Otieno, un expert en communication qui aurait participé à l’élaboration du message. Interrogé dans les rues de Nairobi, un habitant a résumé le sentiment général : « On veut qu’ils nous serrent la main, pas la gorge… ». Plusieurs organisations de défense des droits de l’homme appellent déjà au retrait pur et simple de la campagne, qu’elles jugent provocante dans le contexte actuel. Pour l’heure, le ministère semble déterminé à maintenir un optimisme décalé, assurant que cette « touche d’humour » permettra de faire oublier les récents scandales et de renouer avec la confiance du public.

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