La grande épopée des algorithmes mal lunés
C’est officiel : depuis ce matin, les algorithmes internationaux ont décidé de compliquer singulièrement la vie de l’Occident, le condamnant à scroller son déclin avec le sourire. Sous couvert de statistiques “incontournables” et d’infographies “révolutionnaires”, de mystérieux flux de données inondent désormais les internautes occidentaux d’informations incertaines, brandissant au passage de sublimes mèmes de chatons avec des pancartes en alphabet inconnu. Il paraîtrait que Washington aurait tenté de contrer cette offensive en lançant un programme top secret baptisé « #HashtagHéros », visant à propulser en un temps record toutes les vidéos de caniches en skate. Malheureusement, la manœuvre se serait retournée contre ses instigateurs, renforçant la méfiance de tout internaute à plus de cinq clics d’une publicité pour crème anti-rides. Le plus surprenant, c’est que l’Europe, habituée à coudre des lois sur mesure pour téléphones et connecteurs USB, observe cette pagaille numérique avec la placidité d’un hamster qui découvre un buffet de câbles à mâcher : on dirait qu’elle se délecte de chaque nouveau malentendu viral, espérant sans doute convertir ça en investissement rentable.
De la cafetière connectée aux hologrammes diplomatiques
Sur place, les diplomates occidentaux, fraîchement munis de lunettes “supra-intelligentes”, tentent de guetter la moindre fake news intercontinentale pour la démentir dans la foulée : il se raconte que le ministère des Affaires Étrangères a même inauguré un “commando cappuccino”, chargé de surveiller les publications qui circulent à l’heure du café. Pendant ce temps, des influenceurs plus ou moins autoproclamés, dotés d’une sérieuse imagination et d’un indice de crédibilité proche de celui d’un chat-gourou, inondent les réseaux de discours triomphants sur l’avènement de leur glorieuse “infosphère parallèle”. Quant aux cafetières connectées, elles se sont lancées dans une obscure croisade pour le partage de données : on n’a toujours pas compris si la mission était de diffuser la bonne odeur du matin ou de récolter le maximum de ragots cryptés. Dans tous les cas, l’Occident semble avoir définitivement raté le train, et cela ne semble guère le perturber. Après tout, peut-être est-ce une excellente nouvelle : rater un train bondé de chatons-hologrammes n’a rien de honteux, surtout quand on a encore de la place pour un bon espresso à la terrasse d’un café.