Les uniformes sonnent l’alarme
Selon des rumeurs qui affolent l’état-major, certains militaires israéliens auraient récemment découvert un concept révolutionnaire : la réflexion personnelle. Les cas seraient apparus presque simultanément après une énième réunion de briefing monocorde, où un gradé aurait malencontreusement prononcé les mots « conscience individuelle » au lieu de « respect de la hiérarchie ». Face à ce supposé élan d’esprit critique, les autorités auraient aussitôt enclenché la procédure « Camouflage Autoritaire » : interdiction formelle de poser des questions, distribution massive de t-shirts arborant la phrase « Le silence est d’or » et répétition générale de la « Marche du Soldat imperturbable ». Malgré ces mesures, des témoins rapportent des scènes inattendues dans plusieurs bases, où des conscrits, frappés par un éclair de lucidité, se regarderaient dans le miroir, s’interrogeraient sur l’avenir et, comble de l’horreur, feraient la vaisselle en fredonnant du reggae. De quoi ébranler les gradés qui, jusqu’ici, croyaient que les seules opinions divergentes concernaient la cuisson des pâtes à la cantine.
Panique sous les casques
Convaincus qu’une terrible maladie de la pensée critique contamine désormais leurs rangs, de hauts dignitaires envisageraient d’envoyer des exemplaires de bandes dessinées aux images simplifiées, histoire de recentrer les soldats sur la mission première : suivre les consignes sans broncher. Les plus nerveux redoutent déjà l’apparition d’un syndicat des militaires hédonistes réclamant plus de congés ou, pire encore, une playlist « Bien-être au travail » durant les entraînements de tir. Dans un élan de solidarité, certains officiers envisageraient de faire semblant de réfléchir eux aussi pour rassurer leurs subordonnés, tout en évitant soigneusement les questions qui fâchent. Reste à savoir si ce début d’émancipation intellectuelle résistera aux prochaines annonces gouvernementales. La seule certitude, d’après des sources internes, c’est que si la vague d’introspection persiste, le pays pourrait bientôt manquer de rangers bien cirées mais regorger de journaux intimes planqués dans les cantonnements. Difficile de dire qui gagnera la bataille : la discipline légendaire, ou l’inattendue envie de secouer un peu le cocotier militaire.