Une pilule législative promet d’annuler instantanément les lois rétrogrades en un seul geste

La science franchit un nouveau cap : la « pilule législative d’urgence » serait capable d’annuler les lois rétrogrades

Une innovation pharmaco-parlementaire au service du progrès

C’est une avancée que personne n’attendait — pas même les parlementaires concernés. Une équipe pluridisciplinaire de chercheurs en pharmacopolitique de l’Institut National de Réformes Instantanées (INRI) a dévoilé sa dernière trouvaille : la pilule législative d’urgence, ou PLU. D’une couleur neutre et d’un goût légèrement conciliationniste, ce comprimé permettrait, en une prise unique, d’annuler instantanément toute loi jugée rétrograde, incohérente ou issue d’un vote effectué après une nuit trop courte et un déjeuner trop arrosé.

« L’idée nous est venue après le vote du décret sur les quotas de fax dans l’administration publique », explique le professeur Marc-Ulrich Lassitude, directeur du projet. « On s’est dit : il doit bien y avoir quelque chose de plus rapide que les contre-projets de lois, les commissions mixtes paritaires et les tribunes dans la presse régionale. »

Effets constatés : de l’agitation parlementaire à la transe républicaine

Testée depuis deux mois sur un échantillon volontaire de 17 sénateurs et 3 anciens ministres désœuvrés, la pilule a démontré une efficacité redoutable. Parmi les lois annulées en moins de 48 heures : la Loi du Port Obligatoire du Gilet Réfléchissant dans les bibliothèques, le Décret Interdisant les Tupperwares Non-Étiquetés dans les aires de coworking, ou encore la fameuse Loi sur le Recul Symbolique du Cadran Solaire en soutien au changement d’heure.

« J’ai avalé la PLU après le déjeuner, et immédiatement, un frisson de lucidité m’a parcouru l’échine », témoigne un sénateur désigné sous le pseudonyme de “Dédé R.”. « J’ai ressenti une envie irrésistible de corriger mes propres votes des années 90. J’ai même présenté un amendement visant à légaliser l’utilisation du Minitel dans les lycées techniques. »

Les effets secondaires observés varient selon les profils. Certains élus affirment avoir développé un besoin compulsif d’organiser des consultations citoyennes à l’improviste, d’autres se sont mis à annuler puis réadopter des lois toutes les heures, comme pris dans une sorte de big bang normatif.

« On doit rester prudent, certains sujets redeviennent tabous dès que la molécule cesse d’agir », prévient le Dr Brigitte Lagouvette, neuro-conseillère parlementaire. « Un député a ainsi supprimé la Loi sur le port du casque à vélo pour ensuite la rétablir deux minutes plus tard, mais avec obligation de stickers fluorescents en forme de Marianne. »

Vers une démocrasie plus liquide ?

Officiellement, la PLU a pour vocation de « fluidifier la contemporanéité législative » en limitant les lenteurs administratives sans remettre en cause les processus démocratiques. Interrogé sur les risques de dérives, le professeur Lassitude rassure : « La molécule contient un inhibiteur temporaire censé bloquer tout désir de gouvernance autoritaire, sauf en cas d’urgence ou de brunch constitutionnel. »

Face à ce progrès, des voix s’élèvent. Certains juristes s’inquiètent : « Si la Loi peut être abolie sous l’effet d’une capsule, que reste-t-il de notre État de droit ? » interroge Lucien Ecul-de-plomb, doyen de la faculté de Droit des Lois qu’on Regrette. D’autres y voient au contraire la fin d’une époque : celle où une loi inefficace mettait dix ans à être abrogée après avoir provoqué trois commissions d’enquête, six rapports oubliés et un téléfilm sur France 3.

De son côté, le gouvernement reste flou. Une source proche du ministère de la Cohérence Normative indique que des discussions sont en cours pour encadrer l’usage de la PLU : « On peut autoriser une prise exceptionnelle chaque année, comme un congé parlementaire de clairvoyance. »

En attendant, la start-up à l’origine de la molécule prépare déjà une déclinaison en spray nasal destinée aux élus locaux, et un patch transdermique pour les membres du Conseil Constitutionnel trop frileux.

Le futur est proche, et il aura un goût de menthe légitime.

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