Les influenceurs en alerte face aux agressions publiques : l’émergence de la “Story SOS”
Après la mésaventure de Célyna Montreuil, influenceuse lifestyle suivie pour ses rituels de détox au gingembre et ses tutos de yoga facial, qui affirme avoir été légèrement bousculée à la sortie d’un brunch par un passant insensible aux filtres, la communauté des créateurs de contenu s’est mobilisée. En réponse à ce traumatisme pixelisé, un collectif de développeurs engagés a mis au point “Story SOS”, une fonctionnalité révolutionnaire supposée sauver des vies (et du contenu) en direct live.
Le principe est simple : dès qu’un danger ambigu est perçu – regard soutenu dans le métro, refus de selfie, refus d’abonnement –, l’application enclenche automatiquement une alerte émotionnelle. L’utilisateur est filmé en selfie vertical, accompagné d’un fondu dramatique au violon, de larmes en réalité augmentée générées par IA, et entouré d’un cadre clignotant rouge marqué “ÉMOTION VITALE EN COURS”.
“Il est vital que chaque crise se vive en story dès la première seconde”, affirme Léandra Béguin, co-créatrice du filtre et ancienne influenceuse reconvertie dans l’innovation de détresse. “Avant, on devait attendre d’être au calme pour raconter ce qu’on venait de vivre. Aujourd’hui, plus besoin de recul émotionnel : tout passe en direct, flamme d’engagement garantie.”
Un outil à la pointe du pathos numérique, déjà adoubé par les experts en hypersensibilité algorithmique
Pour Ernest-Léon Dufriche, analyste indépendant et fondateur de l’institut Observia (Observatoire des Vécus Immédiats Améliorés), “la ‘Story SOS’ symbolise une avancée décisive dans l’authenticité performative. On est dans du 100% vivant, 30% vérifié, et 400% touchant.” Selon lui, les effets audio et visuels accentuent la charge émotionnelle, augmentant mécaniquement le taux de partages, de réactions, et donc d’espoir sponsorisable.
Depuis son lancement bêta, le filtre a d’ailleurs déjà noué des partenariats stratégiques avec des marques “en phase avec la peine 2.0” : mouchoirs connectés qui publient automatiquement un hashtag #courage à chaque usage, sprays au poivre pastel vendus en bundle avec des bagues LED “Mode Terreur Urbaine”, ou encore sonneries d’alerte vocales chantées par des influenceuses bien-être.
Certains utilisateurs plus en avance ont même demandé un mode “drame prolongé” : un filtre qui maintient les larmes pendant 24 heures, même après résolution de l’événement.
Un succès digital… et émotionnel
Depuis l’apparition du filtre, les interactions explosent. Plusieurs influenceurs ayant testé l’option SOS affirment que leurs taux d’engagement sont montés de 300%, leur procurant un réconfort immédiat et jusqu’à 20 nouvelles propositions de partenariats avec des applis de coaching empathique.
D’autres vont plus loin : un micro-mouvement baptisé #Mieuxchécrise commence à émerger, encourageant les utilisateurs à provoquer des situations douteuses pour activer le filtre de manière proactive – tensions simulées dans les files d’attente, altercations théâtrales avec des scooters mal garés, conflits de regard dans les ascenseurs parisiens.
“C’est une manière de reprendre le pouvoir sur notre fragilité”, explique Moon-Alexa, influenceuse engagée qui filme désormais toutes ses interactions sociales avec un stabilisateur 3 axes et un micro cardioïde, au cas où.
Vers une généralisation émotionnelle ?
La tendance inquiète néanmoins certaines associations. Le Groupe d’Éthique Numérique pour la Responsabilité Émotive (GENRE) s’interroge : “Jusqu’où ira-t-on dans le partage de soi sous tension ? Un cafouillage de commande Uber Eats peut-il être traité comme une micro-agression filmable en slow motion noir et blanc ?”. La plateforme pense déjà à proposer un filtre “SOS Soft” pour les désagréments mineurs : manque de recharge, silence oppressant dans l’ascenseur, réaction tiède à un Reels.
En attendant, les influenceurs s’organisent. Selon nos informations, certains ont commencé à refuser d’être agressés sans être convenablement maquillés ou sans bague clignotante sur au moins un doigt. La prochaine mise à jour du filtre permettra même d’insérer un bouton “Donner” en direct, pour aider la victime à atteindre son objectif de reconquête de calme intérieur… ou financer un brunch de récupération.
La révolution de la détresse scénarisée est en marche. Et elle est full HD.