La nouvelle épreuve gastronomico-judiciaire de Depardieu
Tous les projecteurs sont braqués sur la salle d’audience où Gérard Depardieu, malgré un sens aigu du drame digne de ses plus grandes représentations cinématographiques, s’est retrouvé fort dépourvu lorsqu’un juge a osé contredire sa définition très personnelle du militantisme. Selon les rumeurs, notre illustre comédien, espérant voir le tribunal se muer en comité d’action révolutionnaire, s’est étonné de constater que personne n’agitait de banderoles ni ne scandait de slogans engagés. Dépité, il aurait supplié les magistrats de s’essayer au théâtre pour « donner un peu de relief » à la solennité des débats. Hélas, on raconte qu’aucun juge n’a souhaité porter de béret ni brandir de symbole contestataire, malgré les implorations du célèbre acteur. Mieux encore, certains irréductibles affirment qu’il aurait proposé à la cour d’improviser une scène façon Cyrano pour glisser quelques jolis vers révoltés, idée poliment balayée d’un revers de toge par un magistrat apparemment dénué de tout esprit frondeur.
Quand le tribunal ne veut pas jouer la comédie
Les passants, rassemblés devant le palais, ont cependant applaudi la performance improvisée de l’avocat défenseur, totalement conquis par la fibre artistique de son client. On rapporte que ce dernier aurait tenté de distribuer mini-cassolettes de confit et autres élixirs de bonne humeur, dans l’espoir de raviver l’ardeur militante des juges. Mais c’était sans compter sur le professionnalisme redoutable d’une justice qui, bien loin de céder à la tentation gustative, entendait surtout statuer en toute sérénité. Résultat : pas un nuage de fumée de manifestation ni la moindre envolée lyrique pour égayer l’enceinte sacrée. Dans un ultime sursaut, Depardieu aurait réclamé l’illumination dramatique des lieux à la hauteur de son œuvre, sans succès. De quoi laisser place à une grande question : le tribunal assorti d’une guillotine en plastoc et d’un juge en costume d’Arlequin, est-ce vraiment l’avenir de la justice ? À voir l’air impassible des magistrats, on a bien cru qu’ils se moquaient éperdument d’offrir un final en apothéose… et c’est peut-être là la plus grande tragédie que Gérard ait jamais vécue sur scène !