La France instaure un permis à points pour finir ses phrases toutes faites

La France met en place un permis à points pour les expressions toutes faites Dans un souci de protection linguistique et de prévention des abus syntaxiques, le gouvernement a annoncé ce matin la mise en place d’un permis à points pour les locuteurs français ayant recours à trop d’expressions toutes faites telles que « cerise sur le gâteau », « du coup », « il n’y a pas de fumée sans feu » ou encore « revenir à nos moutons ». Un permis pour parler en toute sécurité À partir du 1er janvier prochain, chaque citoyen se verra attribuer un « permis de rhétorique », crédité de 12 points. À chaque utilisation abusive ou injustifiée d’une expression toute faite, un point sera retiré. Exemple : dire trois fois « je dis ça, je dis rien » dans la même réunion d’équipe entraînera une suspension immédiate du droit de parole pour 72 heures. « Il s’agit de lutter contre la pollution conversationnelle », explique Édith Truelle, responsable de la Délégation interministérielle à la Santé Syntaxique. « Aujourd’hui, 73% des échanges quotidiens sont constitués de formulations recyclées. C’est une urgence démocratique ». Un radar linguistique déployé dans les open-spaces et les dîners de famille Afin d’assurer la bonne application du décret, des « radars à banalités » seront installés dans les lieux stratégiques : cantines d’entreprise, cafés, ascenseurs, plateaux télé et fêtes d’anniversaire. Ces dispositifs, capables de détecter plus de 1 400 formules usées jusqu’à la moelle, pourront déclencher une contravention sonore : une alarme en forme de soupir désabusé. « Il faudra faire attention à ne pas trop abuser de « c’est mon côté perfectionniste » ou de « je ne suis pas complotiste, mais… » », avertit un ingénieur linguiste ayant requis l’anonymat. « Ce sont des formules à très haut potentiel de retrait de points ». Des formations sponsorisées par La Poste et Marie-Claire Pour éviter une vague de mutisme collectif, l’État prévoit des « stages de récupération de points » organisés sur deux jours. Les stagiaires y apprendront à reformuler de manière originale leurs propos. Un participant raconte : « J’ai remplacé « il faut sortir de sa zone de confort » par « il faut cambrioler son canapé intérieur ». J’ai gagné un point de créativité ». Par ailleurs, un partenariat avec le service public a été signé : les enseignants, facteurs et agents de guichet seront tous formés à corriger poliment mais fermement les clients ou élèves récidivistes. Levée de boucliers chez les influenceurs et consultant·e·s La réforme ne fait pas l’unanimité. Certaines catégories professionnelles, comme les coachs en leadership disruptif, les chargés de communication et les maîtres de conférences en sociologie du bullshit, s’inquiètent pour leur avenir. « Si on nous interdit de dire « prendre le lead », « être force de proposition » ou « ouvrir le chakras narratif », on meurt », lâche un expert en storytelling organique visiblement ébranlé. La CGT a déjà annoncé une grève illimitée des mots vides de sens mardi prochain. Vers un permis à points mondial ? Forte de cette avancée citoyenne, la France envisage de proposer à l’ONU un permis à points pour tout usage d’expressions globalisées commençant par « en vrai », « techniquement » ou « tu vois c’que j’veux dire ». En cas d’accord international, un quota par continent pourrait être instauré et redistribué selon le PIB en mots originaux. En attendant, les adeptes du langage approximatif sont invités à pratiquer la moderation locutive et à se référer au « Guide de conversation responsable » disponible en mairie, à la page entre « ni oui, ni non » et « mot compte triple ».

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