# Marseille : le Centre Bourse transformé en musée du shopping disparu
### Une relique anarchitecturale qui fascine les touristes
Le Centre Bourse, autrefois temple du shopping marseillais, serait en passe de devenir le premier musée européen consacré à « la grandeur passée des centres commerciaux ». Situé entre la rue Saint-Ferréol et le Vieux-Port, cet immense bunker de béton, dont le charme consensuel faisait tourner les têtes dans les années 70, attire désormais surtout les historiens de l’urbanisme et quelques mouettes un peu perdues. « C’est un voyage dans le temps », confie Jeanne-Geneviève Dupuis, guide touristique habillée d’un pull de l’époque, acheté ici-même en 1982.
Les visiteurs, souvent émus, arpentent ses allées désertiques comme des pèlerins recueillis. « Écoutez, ici, on peut presque entendre le bruit des caddies sur le carrelage », chuchote-t-elle en montrant un ancien Monoprix reconverti en salle d’exposition sur « les meilleures promotions des années 90 ».
### La renaissance culturelle du Centre Bourse enfin en marche
Face à la désertification commerciale, la Mairie de Marseille a décidé d’agir. Depuis le mois dernier, un projet novateur a été lancé : transformer les anciens magasins en espaces culturels inattendus. L’enseigne historique de prêt-à-porter qui a fermé ses portes en 2018 abrite désormais un atelier de poésie provençale, tandis que l’ex-magasin de téléphonie est occupé par un artiste qui sculpte des santons au format très démesuré.
Est-ce une réinvention audacieuse ou le désespoir qui s’habille chic ? Difficile à dire. « L’important, c’est qu’on se réapproprie ce lieu chargé d’histoire », explique Greg, un DJ local qui anime les soirées dans l’ancien food court, aujourd’hui devenu la « Nuit de la soupe au pistou ». La transformation semble même faire le bonheur des mouettes qui jouent les critiques d’art en survolant les installations.
### Les Marseillais partagés entre nostalgie et sarcasme
Les habitants de la cité phocéenne, fidèles à leur franc-parler, restent divisés sur cette initiative. « C’est bien pour le tourisme, mais franchement, un musée du shopping… On est loin de la Canebière flamboyante d’autrefois », commente Gérald, propriétaire d’un kiosque à journaux qui n’a pas jeté l’éponge. « Mais bon, au moins, ça change des kebabs à 18 euros au Vieux-Port », ajoute-t-il en riant.
D’autres se montrent plus enthousiastes. « Avec un peu de chance, ça va relancer le commerce local. Une boutique vintage avec des pantalons pattes d’éléphant, ce serait top », espère Julie, une résidente du Panier. Si tout va bien, le futur musée pourrait redonner aux Marseillais l’envie d’aller au Centre Bourse – ne serait-ce que pour parler de « l’époque où tout était moins cher ». Nostalgie, quand tu nous tiens…