Angoulême 2025 : le festival du film sans compétition ni émotions fuertes

Festival du film francophone d’Angoulême 2025 : vers une compétition 100 % non compétitive

Fini les prix, finis les vainqueurs, finis les mains moites au moment de l’annonce. Pour son édition 2025, le Festival du film francophone d’Angoulême opère un virage audacieux : abolir la compétition au profit d’un épanouissement collectif durable. « Nous sommes entrés dans l’ère du cinéma sans conflit », explique Élodie Pertuis, co-directrice du festival et fondatrice du syndicat des monteurs à haut quotient empathique. « Cette année, toutes les œuvres seront lauréates dès leur inscription, et les projections se feront sans aucun soupçon de jugement, même constructif. »

Plutôt qu’une cérémonie de remise de prix, le festival proposera une « célébration circulaire de reconnaissance mutuelle », animée par un duo de médiateurs certifiés en communication non-violente. Les traditionnels trophées seront remplacés par des coussins chauffants biodégradables portant l’inscription : « Merci d’avoir exprimé votre sensibilité narrative. »

Un jury basé sur l’intuition et la respiration abdominale

Le jury – désormais renommé « Cercle du Ressenti » – ne visionnera pas les films. « Ce n’est pas nécessaire », affirme Jacques-Loïc Giraud, consultant en évaluation intuitive. « Nous nous réunirons dans une salle tamisée pour détecter les vibrations narratives. L’émotion sera notre seule boussole. » Les décisions se prendront par consentement lent, entre deux respirations profondes.

Ce système total d’égalisation artistique est salué par certains producteurs, lassés de voir leurs films comparés. « Avant, j’étais stressé de savoir si mon drame sur la solitude transgénérationnelle serait préféré à une comédie sensible sur les névroses du compostage », confie l’un deux. « Maintenant, mon film est reconnu pour ce qu’il est : un partage. »

Un festival conçu pour ne pas heurter le public

Dans les salles, les spectateurs seront invités à exprimer leur ressenti à l’aide de gommettes de couleur plutôt que de critiques orales. Chaque projection sera suivie d’un cercle de décompression émotionnelle animé par un chamane urbain ou, pour les plus cartésiens, un agent du Centre national de la neutralité esthétique (CNNE).

Même les films eux-mêmes s’alignent sur cette orientation apaisée. La sélection 2025 comprend notamment :

– « Ce nuage n’a pas d’avis », un huis clos contemplatif entre un arbre et une chaise.
– « Rien n’est grave du tout », une comédie minimale en une scène et six lenteurs.
– « Le Bruit du consentement », un thriller parental dont le méchant s’excuse à mi-parcours, provoquant la fusion des personnages dans une coopérative de poterie.

Vers une extinction douce du cinéma de tension ?

Les critiques commencent à s’inquiéter. « Si tout est valable, qu’est-ce qui devient remarquable ? », s’interroge un chroniqueur licencié pour hypersensibilité. Mais le festival reste ferme : « Nous ne voulons plus imposer un modèle de hiérarchie artistique hérité du patriarcat narratif. Le cinéma n’est plus un champ de bataille, mais un jardin partagé avec quelques pierres zen. »

Et pour ceux qui espéraient malgré tout un peu de suspense, une innovation a été introduite cette année : chaque jour, un film sera tiré au sort pour recevoir le Prix de l’Écho Ému, sélectionné aléatoirement par une IA dont l’algorithme est basé sur l’écoute active. En cas d’égalité émotionnelle, le prix sera attribué à la plante verte ayant le plus réagi pendant la projection.

À Angoulême 2025, il n’y aura ni perdants, ni gagnants, ni critiques, ni suspense. Juste des récits doux qui s’écoutent, s’épargnent, puis s’évaporent poliment. Le septième art n’est plus un art : c’est un câlin audiovisuel.

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