Le Rassemblement national lance sa formation accélérée : comment être raciste en 2025 sans énerver l’algorithme de Facebook
Introduction à l’intention des non-initiés : l’article que vous allez lire est évidemment une fiction satirique. Toute ressemblance avec des faits réels ferait peur à tout le monde, y compris à nous.
Un défi numérique de campagne
À l’approche des élections législatives de 2025, le Rassemblement national entend bien moderniser ses tracts — et ses trolls. Face à une avalanche de publications en ligne supprimées par les algorithmes de modération, le parti a décidé de ne plus laisser ses militants envoyer des commentaires scandaleux sans formation. Terminés les « retourne dans ton pays » balancés entre deux stickers de cochon : place à l’élégance numérique.
C’est dans cette optique que naît l’Institut de Communication Patriote & Médiatiquement Supportable (ICOPAMS), une école de pensée où l’on apprend à dire « bonjour les Français » tout en pointant du doigt n’importe quoi qui ressemble, de près ou de loin, à un kebab. L’idée ? Enseigner à « désigner sans nommer » et à « suggérer sans s’effondrer sous un bannissement ».
« Nos militants ne doivent plus poster comme en 2012 », explique un cadre responsable du projet. « Il faut être aussi subtil qu’une allusion sur CNews, mais aussi viral qu’une vidéo de chat qui éternue au Louvre. »
Une leçon de « discrétion idéologique »
Au cœur du programme : la poésie algorithmique. Une discipline enseignée par le professeur autoproclamé Jean-Pierre Toutjuste, expert en communication zélée passé maître dans l’art d’écrire des horreurs avec finesse. Vêtu d’un filtre Snapchat moustache et monocle, cet intervenant fictif n’hésite pas à comparer son travail à celui d’un sommelier des euphémismes.
« Aujourd’hui, on ne dit plus « invasion migratoire », on dit « flux identito-suggéré ». Et surtout, on enrobe chaque mot douteux dans trois emojis rassurants », explique-t-il lors de son module intitulé « Smiley ton propos, ou l’algorithme te rotira ».
Les militants apprennent également à ponctuer tout message douteux d’un hashtag de camouflage, comme #PaixEtTartiflette ou #NonÀLaHaîneMaisOuiAuxFrontières. Un exercice de style radical mais nécessaire si l’on souhaite rester visible entre deux recettes vegan dans le fil d’actualité Facebook.
Le lexique patriote 2.0
Le RN révolutionne également son dictionnaire interne, désormais distribué sous format NFT certifié blockchain tricolore. Quelques exemples du glossaire 2025 :
– « Communautarisme » devient « intérêt intersectionnel sectorisé »
– « Grand Remplacement » : « mobilité démographique non-appréhendée »
– « Français de souche » : « patriote racinaire »
Et bien sûr, chaque publication doit être suivie de la formule magique : « Évidemment sans aucune haine, juste un amour sincère de ma région, mon clocher et ma généalogie jusqu’à l’ADN. »
Objectif : engagement maximal, bannissement minimal
L’enjeu est clair : continuer à mobiliser une base électorale numérique sans que celle-ci disparaisse dans les limbes de la modération automatisée. Une trop forte visibilité aurait pour conséquence de faire bannir un post ; une audace trop tiède, de ne générer que 14 likes et une notification de Tatie Monique qui demande si tout va bien.
« C’est comme danser le french cancan idéologique : faut lever la jambe, mais pas au point de montrer la culotte. Et surtout pas de gousset », résume un militant enthousiaste après son quatrième module.
En bonus, ICOPAMS proposera bientôt une application appelée « Zémourizer », qui analyse vos textes Facebook et les convertit automatiquement en contenu à double sens, histoire d’être compris par votre communauté, mais pas par Sylvie de la modération.
Une démocratie pédagogique
Pour éviter tout malentendu, l’Institut tient à rappeler que l’objectif n’est pas de rendre les idées plus acceptables, mais simplement moins détectables. « On ne transforme pas les idées. On leur met juste un manteau », confie un formateur, devant un PowerPoint en Comic Sans intitulé : « Contourner sans regretter ».
Une initiative papillotée d’ironie qui pourrait pourtant inspirer d’autres partis. D’après des rumeurs non vérifiées, Les Républicains plancheraient sur une formation intitulée “Comment parler agriculture quand on pense sécurité”, et Europe Écologie Les Verts sur un MOOC “Mentionner l’Ayahuasca sans effrayer France Inter”.
Chute finale (pour mieux remonter dans les sondages ?)
Rappelons les mots du directeur stratégique du RN Innovation Numérique, lors du lancement officiel de la formation : « Nous voulons offrir à nos sympathisants les outils pour dire la même chose qu’avant, mais désormais avec des métaphores végétales et une ponctuation inclusive. » Il a conclu son discours par un clin d’œil énigmatique et l’explosion soudaine d’un canon à confettis bleu-blanc-rouge biodégradables.
Bref, en 2025, le discours politique n’est plus seulement une affaire d’idées : c’est une chorégraphie de sous-entendus, de hashtags masqués et de points d’exclamation triés sur le volet. Qui a dit que la démocratie n’évoluait pas ?