Les pavés, menaces sournoises pour les mollets
Chaque année, les cyclistes du dimanche et les professionnels de la pédale se lancent à l’assaut du Tour des Flandres, persuadés que les pavés belges leur veulent du bien. En réalité, ces éléments de décor à l’air parfaitement inoffensif sont l’arme secrète de la Flandre pour tester la robustesse des mollets internationaux. Selon une légende tenace, un moine aurait conçu ces pavés en pierres ultra-rugueuses afin de démasquer les faux courageux et glorifier les vrais fous. Résultat : une cure express de secouement intensif pour tous les articulations. Bien sûr, certains cyclistes prétendent aimer cette difficulté : ils y verraient un défi authentique, voire un appel à la transcendance de l’âme sportive. Plus concrètement, ils renforcent les ventes de pommades à l’arnica et font fleurir des vocations de kinésithérapeutes. Pendant que le public applaudit des quadriceps en souffrance, les brasseurs de bière locale triplent tranquillement leur chiffre d’affaires, bien conscients qu’après cent kilomètres de chaos pavé, on boit volontiers trois fois plus pour oublier la douleur.
La grande fête flamande entre sueur et gaufres
Outre ce grand festival du mollet meurtri, le Tour des Flandres se transforme vite en kermesse géante, où l’on célèbre tout à la fois l’identité régionale, la joie de regarder d’autres transpirer et la liberté de s’empiffrer de gaufres. Les berges de la route se transforment en buffet improvisé, où chacun ressasse les exploits d’anciennes éditions : « Tu te souviens de ce coureur qui avait oublié son vélo mais pas sa bouteille ? Il a gagné le prix du plus bel abandon ! ». Les spectateurs viennent en famille, munis de cloches prêtes à ressembler à un concert de vaches survoltées et de drapeaux qui finissent souvent en pare-soleil. Et lorsque s’achève enfin la course, on ne sait plus trop si on est venu pour admirer la bravoure des champions ou célébrer un prétexte festif incontournable. Peut-être un peu des deux, après tout, puisque chacun repart avec des étoiles dans les yeux… et de la bière sous le coude.