Le Nigeria officialise un Master en « Amour Numérique et Arnaques Appliquées »
Une offre universitaire au cœur de la stratégie numérique nationale
Dans un communiqué qui n’a pas manqué de faire réagir les chancelleries comme les influenceurs, le ministère nigérian de l’Économie numérique a annoncé l’ouverture dès la rentrée prochaine d’un Master en « Amour Numérique et Arnaques Appliquées ». Porté conjointement par l’Université de Lagos et l’institut fictif European School of Emotional Exploitation de Zug (Suisse), ce diplôme entend professionnaliser un pan entier de savoir-faire qui, jusqu’ici, évoluait « dans l’informalité la plus totale », selon le communiqué gouvernemental.
« C’est une avancée majeure pour notre compétitivité internationale », a affirmé le doyen Mobolaji Faleke, avant d’ajouter que « d’autres pays développent leurs fintech, nous, nous avons nos hearttech ». À ceux qui accusent cette initiative de faire l’apologie de la tromperie numérique, les responsables universitaires rétorquent que l’objectif est d’« encadrer, structurer et élever au rang d’art ce qui, de toute façon, existe déjà ».
Un programme académique au romantisme stratégique
Sur le papier, le cursus impressionne : en première année, les étudiants suivront des unités telles que « Esthétique du selfie : créer un faux profil crédible », « Géopolitique de l’amour en ligne – de la Floride au Tyrol », ou encore « Émojis et stratégie affective avancée ». Les cours pratiques incluent un atelier mensuel de « mensonges performatifs », ainsi qu’un module de stage obligatoire dans un forum de rencontre sous pseudonyme, avec notation continue sur le taux de réponse et le niveau d’investissement émotionnel des cibles.
La deuxième année s’oriente vers la professionnalisation : branding amoureux, ingénierie de la compassion par messagerie asynchrone, et même un séminaire – en partenariat avec une école privée française de commerce – intitulé « Escroquer en réseau : vers une économie circulaire de la tendresse ».
« Nous sommes en passe de créer les Bac +5 de l’émotion sur-mesure », s’enthousiasme le professeur Abayomi, directeur du département, lui-même ancien doctorant en finance sentimentale.
Un contrepoint international pour relativiser
Face aux critiques selon lesquelles le Nigeria jouerait sur son image parfois stigmatisée, le gouvernement rappelle que des formations similaires voient le jour ailleurs. L’Université de Zurich vient notamment de lancer une licence en « Blanchiment d’argent et storytelling bancaire », tandis que l’ENA – dans sa version privatisée – prépare une spécialisation en « Pantouflage créatif et lobbying invisible », selon une fuite de PowerPoint confidentielle sur LinkedIn.
« L’Occident forme depuis des décennies les meilleurs stratèges du mensonge publicitaire et de la dissimulation fiscale. Nous revendiquons simplement notre droit à l’expertise émotionnelle », a commenté, mi-rieur mi-sérénissime, le secrétaire d’État à l’entrepreneuriat digital, sur son compte X (anciennement Twitter).
Des débouchés prometteurs, un avenir incertain
Les premiers étudiants, au nombre impressionnant de 2 384 dès les inscriptions en ligne ouvertes, se disent confiants. « Je veux devenir Chief Relationship Officer dans une grande arnaque affective cotée en crypto », explique Oluchi, 24 ans. D’autres espèrent décrocher un stage chez Meta ou au Vatican, « pour étudier l’influence amoureuse à grande échelle ».
Des rumeurs évoquent même une future récompense académique « équivalente au Nobel », sponsorisée par une plateforme de rencontres et intitulée le Prix CupiTech, pour « récompenser l’innovation en ingénierie sentimentale et transfert de flux financiers doux ».
Le monde universitaire, lui, reste partagé. Mais une chose est sûre : si l’amour est un art, le Nigeria semble bien décidé à en déposer les brevets.