Immobilier : l’afflux de jeunes cadres force les agences à aménager des vues… sur rien
Un élan de carrière irrésistible
Prisés pour leurs salaires prometteurs et leurs perspectives de stabilité, les métiers de l’immobilier attirent désormais une quantité inédite de jeunes cadres tout juste sortis d’école. Selon un récent sondage confidentiel, neuf nouveaux diplômés en quête de gloire sur dix envisagent de poser leur CV dans une agence, convaincus que l’immobilier est le dernier secteur où « l’on peut s’épanouir en costume-cravate tout en gardant une sensation de plein air ». Ces recrues au sourire conquérant passent leurs journées à parcourir des annonces, persuadées de mettre la main sur la perle rare. Les experts du marché estiment que ce phénomène de masse est alimenté par des légendes urbaines vantant des commissions exponentielles et une stabilité à toute épreuve, deux arguments phares qui séduisent encore plus que le confort d’un bureau high-tech branché.
Des open spaces factices pour “un quartier vivant”
Face à cette abondance de postulants, certaines agences ont décidé de transformer leurs locaux en imaginant des open spaces dépourvus de la moindre fenêtre, afin de « recréer l’ambiance unique d’une rue commerçante », selon la directrice d’un réseau immobilier réputé. « Nous avons installé plusieurs bancs municipaux et même un faux kiosque à journaux au milieu de l’open space, pour rappeler aux jeunes recrues ce que c’est de vivre dans une zone urbaine dynamique, » explique fièrement Camille Dessoyer, “architecte d’intérieur spécialisé en illusions quotidiennes”. D’après les premiers visiteurs, ces bureaux où l’on peut entendre des bruits de circulation en fond sonore – diffusés par de petites enceintes dissimulées – procurent un sentiment de proximité inégalé avec le terrain, sans devoir affronter la pluie ou la foule. On raconte qu’une seconde phase d’aménagement prévoirait même des chiens en peluche couinant périodiquement pour renforcer le réalisme de cette vie de quartier… sans en subir les désagréments.