Un ex-marchand de sommeil lance sa propre école de “réhabilitation locative accélérée” : l’ENA du matelas au sol ?
Condamné à deux ans de prison ferme pour avoir “optimisé” une vingtaine de logements insalubres du quartier Noailles à Marseille, Raphaël Zennou ne s’avoue pas vaincu. Depuis sa cellule de la prison de La Timonerie, il peaufine un projet éducatif très personnel : la création de l’Académie des Marchands de Sommeil (AMS), un établissement d’enseignement supérieur dédié aux “nouvelles pratiques de rentabilité urbaine urgente”.
“Mon erreur, c’est de ne pas avoir breveté mes méthodes”, regrette-t-il depuis sa cellule aménagée avec goût en studio mezzanine de 9 m². “Aujourd’hui, dans ce climat de woke-immobilier, il faut transmettre la vraie vision entrepreneuriale d’un immeuble : un potentiel de rendement carré par mètre cube.”
Des cours certifiés ISO Tôle & Prière
Présentée comme un “centre d’excellence pour la valorisation extrême de l’espace habité”, l’AMS proposera à partir de septembre une licence professionnelle “Suspensions immobilières & éthique de marge”. Le programme inclut notamment :
– “Comment faire tenir une cloison avec des gaines électriques et de la foi”
– “Chasse au mètre carré perdu : la salle de douche dans le four micro-ondes, étude de cas”
– “Plomberie immatérielle et évacuation mystique”
– “Tarification à la minute de sommeil : le modèle Uber du couchage urbain”
Insistant sur la vocation pédagogique du projet, Zennou précise même : “C’est une école qui répond aux besoins criants du marché : dans une ville où un placard à balais coûte plus que le SMIC, il faut inventer une pédagogie de la survie entrepreneuriale.”
Une initiative qui dérange (mais séduit sur LinkedIn)
Joint par nos soins, le professeur Étienne Degrèze, sociologue et consultant pour l’Observatoire des Innovations Insolites, s’inquiète de cette ambition éducative. “C’est la première fois que les codes du capitalisme toxique sont assumés comme matière d’enseignement. On est quelque part entre la start-up nation et Pôle Emploi pour délinquants de l’immobilier.”
Plus troublant encore, une version bêta du site de l’Académie circule déjà, avec un slogan accrocheur : “Formez-vous dès aujourd’hui, exploitez demain !”. Sur les réseaux sociaux professionnels, le projet divise. Si de nombreux utilisateurs dénoncent une “apologie de la précarité lucrative”, d’autres applaudissent “une audace pédagogique enfin en phase avec la réalité des loyers.”
Pas de local mais un business plan en béton (cellulaire)
Depuis son incarcération, Zennou n’a pas chômé. Il affirme avoir obtenu le soutien logistique de plusieurs “partenaires discrets” du secteur de l’immobilier dit “agile” – comprendre : celui qui accepte le cash et tolère les infiltrations. Les cours seraient dispensés en ligne, voire “sur le terrain”, via des séjours immersifs dans des logements non déclarés.
L’objectif ? Obtenir une reconnaissance RNCP (Répertoire National des Compétences Pilleuses) d’ici 2025, et faire de l’Académie un incubateur européen pour “talents sans scrupule mais avec vision”.
Interrogé sur sa propre condamnation, Zennou se montre philosophe : “J’ai purgé ma peine. Maintenant, il est temps d’enseigner la méthode. Mon modèle économique est bancal, mais rentable. Pourquoi ne pas en faire une école ? Après tout, y a bien HEC.”