Marseille lance le premier escape game dans un immeuble insalubre pour sensibiliser au logement

Titre principal : Marseille inaugure le premier escape game municipal sur fond d’insalubrité : « Rue d’Aubagne 2.0 »

Une aventure immersive sponsorisée par l’humidité et la bureaucratie

Dans un élan de pédagogie ludique et de communication de crise créative, la mairie de Marseille dévoile « Rue d’Aubagne 2.0 » : un escape game grandeur nature simulant la survie dans un logement vétuste à haut potentiel effondrable. Installé dans un ancien immeuble classé “pré-chute imminente”, le jeu propose aux participants de vivre — pendant 45 minutes (ou jusqu’à épuisement moral) — le quotidien passionnant d’un habitant confronté à l’humidité, aux murs porteurs têtus et à une administration sourde mais bienveillante.

« Nous voulions proposer une expérience immersive qui interroge le public sans culpabiliser les institutions », a déclaré un représentant de la municipalité, encadré par deux extincteurs et un échafaudage de sécurité symbolique. L’objectif affiché : “faire comprendre, sans risquer les procès, ce que ça fait de frôler l’effondrement au quotidien.” À leur entrée, les joueurs reçoivent un kit de démarrage : une lampe torche sans piles, un téléphone portable avec 3 % de batterie, et une demande de relogement à remplir en triple exemplaire.

Des énigmes réalistes : trouver une douche chaude, fuir un arrêté de péril, localiser un élu

Au fil du parcours, les participants devront notamment : identifier une fuite d’eau qui parle, négocier avec un agent d’urbanisme invisible, ou encore s’orienter dans un couloir labyrinthique baptisé « couloir des dérogations ». Les zones dites de “danger immédiat” incluent la préfecture (où le jeu peut se suspendre dans l’attente d’un numéro de dossier) ou encore l’accueil de la mairie – une pièce sans poignée où le temps semble figé depuis 2018.

« J’ai été bloqué 20 minutes dans l’ascenseur entre deux arrêtés de démolition. À un moment, le plafond a craqué et j’ai gagné une assurance obligatoire ! », témoigne Élodie, testeuse et future ex-locataire.

Selon les concepteurs du jeu, l’objectif n’est pas de “gagner” mais de “s’en sortir symboliquement mieux qu’au début”. Certains joueurs ont tout de même gagné un badge “statut de priorité relative” ou une promesse orale de relogement « sous 18 à 96 mois ».

Un divertissement poignant : rire dans les gravats

L’initiative divise. Si certains y voient une manière innovante de sensibiliser le public à la crise du logement, d’autres estiment que transformer la détresse urbaine en escape game frise le cynisme municipal. « Est-ce que le Conseil municipal sera reconduit dans la saison 2 ? » s’interroge un urbaniste sarcastique. Le président du comité des délogés, lui, suggère : « Si les organisateurs veulent pousser la logique immersive, qu’ils essaient de sortir eux-mêmes un jour d’un appel à la Métropole. »

Quoi qu’il en soit, face à la montée des critiques, la mairie se veut rassurante : « Le jeu reste fictif, contrairement aux immeubles. »

Les réservations sont ouvertes jusqu’à ce que le bâtiment réel soit classé inhabitable — ce qui pourrait rendre l’expérience encore plus authentique.

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