Le lancement surréaliste d’un service après-vente historique
Le ministère de l’Histoire vient de dévoiler un programme inédit visant à “réconcilier” la nation avec ses conflits coloniaux : un service après-vente proposant des remboursements en bons d’achat mémoriels et une carte de fidélité pour les anciens rapatriés. Officiellement baptisée “Opération Mémoire+”, cette initiative ambitionne de compenser les lacunes du devoir de mémoire en transformant les souffrances passées en avantages utilisables lors des commémorations et des cérémonies officielles. Des représentants ministériels annoncent déjà que les rapatriés d’Indochine pourront échanger leurs souvenirs de la bataille de Diên Biên Phu contre des coupons réservables, entre autres, pour des conférences historiques ou des expositions temporaires. Selon les promoteurs du projet, l’objectif serait de combler un “vide émotionnel” jugé nuisible à la cohésion nationale, tout en encourageant les Français à réviser leur histoire de façon plus ludique.
Promotions, points mémoire et réactions d’experts
Dans les coulisses, l’enthousiasme est aussi vif que déroutant. “Grâce à la carte de fidélité, plus je me souviens, plus je cumule de points !” plaisante un rapatrié fictif, ravi de voir ses récits de campement dans la jungle convertis en ristournes valables dans les librairies participant à l’opération. De son côté, le professeur Perrin, autoproclamé “spécialiste en souvenirs postcoloniaux”, salue l’audace du ministère : “Il était temps de créer un véritable SAV pour l’Histoire. Chaque souvenir revalorisé, c’est un pas de plus vers la réconciliation monnayable !” Pour autant, certains observateurs s’interrogent déjà sur les dérives possibles : la multiplication des promotions mémorielles et des points bonus pourrait encourager la surenchère de témoignages, au risque de réduire le passé à un simple catalogue de réductions. Malgré les réserves, le ministère entend bien poursuivre sur sa lancée et espère même étendre cette formule à d’autres épisodes historiques, promettant, selon les termes officiels, “une fidélisation complète de tous nos souvenirs collectifs.”
