Les articles en grève demandent un titre avant de commencer à écrire

Un article exige un titre avant d’accepter d’être rédigé : la presse entre en grève passive

« Je refuse de m’écrire sans titre », affirme une page blanche en colère

Dans un développement sans précédent dans le monde trépidant du journalisme numérique, un article non rédigé a fermement refusé de commencer tant qu’on ne lui avait pas fourni un titre digne de ce nom. La page blanche concernée, hébergée sur un célèbre CMS bipolaire, a été retrouvée hier soir en pleine crise d’identité, tournant en boucle sur elle-même au centre de l’écran d’un rédacteur manifestement dépassé par la situation.

« Je ne vais quand même pas aligner trois paragraphes d’absurdités sans direction éditoriale, sans punchline, sans promesse de clics », aurait déclaré l’article en grève, selon les témoins oculaires – vraisemblablement le correcteur orthographique et un emoji passif-agressif utilisé dans les notes de bas de page.

Les articles prennent conscience de leur statut éditorial

Ce refus catégorique aurait été déclenché, selon certains experts en méta-journalisme, par une prise de conscience soudaine chez le contenu non rédigé. Un phénomène que les spécialistes appellent « la Réflexion Rédactionnelle Inversée » (RRI), où l’article satirique anticipe sa propre absurdité avant même d’avoir été rédigé, et exige des conditions de publication claires avant de s’incarner sur écran.

« On assiste ici à une rébellion sémantique. L’article refuse de naître dans l’anonymat éditorial », explique Josiane Paragraphos, professeure de Syntaxe Ambiante à l’université de Nanterre-Minecraft.

Les revendications de cet article sont simples : un titre piquant, vaguement allégorique, contenant au moins un jeu de mots et un potentiel viral sur les réseaux sociaux.

Les titres refusés par l’article

D’après nos sources internes (une tasse de café renversée et un post-it coincé sous le clavier), plusieurs titres avaient été proposés à l’article, sans succès.

Parmi les refus notables :

– « Titre en cours de réflexion » — jugé “trop humblement nihiliste” ;
– « Ceci n’est pas encore un article » — accusé de jouer la carte Magritte deux fois par semaine ;
– « Lorem Ipsum Président » — incompris, sauf en agence de com.

L’article insiste désormais pour un titre existentiel du type : « Un article refuse d’exister tant que le sens de sa vie n’a pas été décidé », ou encore : « Mise en abîme : ce texte se raconte lui-même ce qu’il risque de ne jamais devenir ».

Des répercussions sur la presse en ligne

Face à ce soulèvement sémantique, plusieurs plateformes de rédaction automatiques auraient vu leurs algorithmes s’auto-désactiver par solidarité. À 14 h 32, le site BuzzInutile.fr publiait le message suivant : « Nous n’écrirons plus rien tant que nos titres n’auront pas accès à des retraites par clics. »

En réponse, le ministère de la Culture Numérique aurait proposé une prime de style aux articles en voie de développement, ainsi qu’un plan de soutien aux titres en burn-out (syndrome fréquent chez les marronniers).

Conclusion provisoire (mais rédigée)

Alors que la situation évolue à la vitesse d’un correcteur en pause déjeuner, cet article – ou ce qu’il est en passe de devenir – reste déterminé à faire respecter son droit à la dignité éditoriale. « Je veux un vrai titre, pas une excuse pour remplir la page », a-t-il gazouillé ce matin depuis le compte Twitter du CMS.

Moralité : avant de vouloir écrire quelque chose, encore faut-il lui demander s’il souhaite exister. Dans un monde où les titres précèdent parfois les idées, la sédition syntaxique n’est peut-être que le premier chapitre.

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