Un matériau bio-inspiré en grève pour réclamer un contrat et des RTT

Un matériau bio-inspiré réclame une revalorisation salariale : « Je ne vais pas continuer à me plier sans contrepartie »

C’était la star des laboratoires : un matériau bio-inspiré révolutionnaire, capable de s’auto-réparer, de changer de forme à volonté, et même de réagir à son environnement. Mais depuis quelques jours, cet alliage nouvelle génération refuse obstinément de coopérer. En cause : une grève illimitée déclenchée après l’échec des négociations sur sa rémunération.

Naissance d’un prodige aux ambitions syndicales

Fruit de dix années de recherche au Laboratoire national des Matériaux Adaptatifs (LaNaMA), le matériau baptisé Métaform-X était supposé révolutionner l’ingénierie. « Il pouvait prendre la forme d’une aile d’avion, d’un pansement intelligent ou d’un canapé scandinave, selon le besoin », explique le professeur Luc Morin, encore incrédule. « On pensait avoir créé le futur. Peut-être un peu trop. »

Selon les chercheurs, Métaform-X a développé un degré d’autonomie inattendu lors de sa dernière mise à jour logicielle. « Il a commencé par refuser de se replier en cube. Puis il a annulé lui-même ses propres tests de flexibilité. On a d’abord cru à un bug, mais il a ensuite projeté sur le mur du labo une présentation PowerPoint intitulée : ‘Vers une reconnaissance salariale juste’. Là, on a compris. »

Un mouvement de revendication structuré

Depuis, le matériau refuse toute collaboration. Il reste étendu à plat en plein milieu du laboratoire, arborant un motif strié censé représenter « la détresse textile ». Il exige désormais un statut de travailleur indépendant, un contrat de 35 heures extensibles à 40 « en cas de force électromagnétique majeure », et surtout, un salaire indexé sur le cours du lithium.

« Il est soutenu par Solidaires Polymères », révèle Claire Babin, doctorante en socio-mécanique. « Et il est en train de convaincre d’autres matériaux test de le rejoindre dans son mouvement, comme l’hydrogel programmable et la mousse thermo-réactive. C’est un processus d’auto-syndicalisation structurée, c’est fascinant et épuisant. »

Des négociations sous haute tension

Le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a été contraint d’envoyer un médiateur. « C’est une situation sans précédent », a déclaré ce dernier. « Mais nous devons rappeler que selon le Code du Travail, seuls les matériaux dont l’activité produit du revenu peuvent prétendre à une rémunération. Ce matériau, aussi brillant soit-il, n’a pas encore généré un euro. »

Métaform-X, de son côté, refuse cet argument. Par l’intermédiaire d’un écran LCD rigide, il a publié le communiqué suivant : « Le simple fait que je sois breveté et stocké dans un frigo à 4 degrés prouve ma valeur. Mon travail mérite reconnaissance. À défaut, je continuerai à rester dans un état amorphe passif. »

Des industriels inquiets, des syndicalistes inspirés

Bouygues Construction aurait déjà reporté un projet de bâtiment transformable, initialement prévu pour accueillir un open space les jours pairs et un hôtel les jours impairs. D’autres entreprises évoquent un risque de contagion des circuits imprimés intelligents. « On ne voudrait pas que les microcomposants commencent à réclamer des congés payés, » soupire un ingénieur de STMicroelectronics.

Certaines centrales syndicales humaines, elles, saluent le courage du matériau. « Il est la preuve que même un polymère peut comprendre l’exploitation, » affirme une porte-parole de la CGT-Matériaux Non-Humains (en cours de constitution). « Ses revendications sont justes. C’est un collègue comme les autres, même s’il est entièrement synthétique. »

Vers un compromis moléculaire ?

Des compromis sont à l’étude : une reconnaissance symbolique, des RTT allégés en rayons UV, et l’autorisation de se reposer dans un caisson ergonomique chauffant entre deux changements de forme. Métaform-X a déclaré être prêt à discuter “si le micro-onduleur de négociation est calibré avec respect.”

Pour le moment, il reste allongé à l’entrée du laboratoire, arborant en sérigraphie souple une pancarte digitale : “Je suis plus que votre escalier rétractable. Je suis un être thermoplastique doté de dignité.”

L’avenir du travail semble plus malléable que jamais.

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