Pizza Thiaroye: quand l’histoire se mange au lycée?

Lycéens confondent Thiaroye avec une pizza : l’Éducation nationale lance l’alerte fromage-tomates

D’un devoir d’histoire à une commande Deliveroo

Scène surréaliste dans un lycée de Créteil cette semaine : lors d’un cours sur la décolonisation, plusieurs élèves se sont exclamés : « Trop cool, la Thiaroye, c’est une nouvelle pizza vegan ou une calzone ? »

Selon Mme Darmanin, professeure d’histoire-géographie : « Au départ, je croyais à une blague. Puis l’un d’eux m’a demandé si Thiaroye était “dispo en format XL avec supplément burrata”. C’est là que j’ai compris qu’on avait franchi un seuil épistémologique inquiétant. »

La confusion a rapidement pris de l’ampleur. Sur TikTok, un compte baptisé @PizzaThiaroyeOfficiel a recensé plus de 80 000 vues avec le slogan douteux « Goûtez à l’histoire qui pique ». Le rectorat a déclenché une cellule de crise, évoquant un « effondrement croisé du socle commun et des compétences gustatives ».

Pizza pédagogique : la recette miracle du ministère ?

Réaction immédiate du ministère de l’Éducation : la sortie express d’un manuel intitulé « Histoire coloniale et mozzarella : comprendre sans confondre ». Un ouvrage présenté comme « facilement assimilable, et sans gluten idéologique ». Le but ? Empêcher les amalgames entre des tragédies historiques et des mets instagrammables.

« L’idée n’est pas de réécrire le passé en sauce tomate, mais d’éviter que des adolescents pensent que Fachoda est une boisson pétillante », explique le professeur Maréchal, spécialiste de “gastro-pédagogie” appliquée au secondaire.

Chaque chapitre associe un fait historique à un plat sans équivoque : La Révolution française s’accompagne d’un croissant non fourré, tandis que le massacre de Thiaroye (Sénégal, 1944, répression sanglante de tirailleurs ayant servi la France) est abordé avec tout le sérieux que mérite ce drame trop souvent méconnu — sans cheddar ni basilic.

De l’indigestion au déclic scolaire ?

Du côté des parents d’élèves, les réactions oscillent. « Si c’est le prix à payer pour que mon fils arrête de penser que Voltaire était un DJ techno, je suis preneuse », explique Sophie, mère de deux adolescents.

Dans les cantines pilotes, l’expérimentation d’un plat baptisé « Mémoire de Tirailleur à la sénégalaise » a été suspendue après que des élèves ont demandé « si on pouvait avoir ça en wrap ». Le comité d’éthique de l’académie a demandé un moratoire sur toute initiative culinaire liée à la Seconde Guerre mondiale, « quelle que soit la sauce choisie ».

Et demain ?

Pour prévenir de futurs malentendus, le ministère envisage de bannir l’usage de la ponctuation gourmande dans les copies : plus jamais « la Commune de Paris : un feu de brioche populaire », ni « La Shoah, un plat amer de l’histoire moderne ».

Rappelons donc, au cas où cela s’avèrerait encore nécessaire, que Thiaroye désigne un massacre survenu en 1944, dans lequel des tirailleurs sénégalais, anciens combattants de l’armée française, furent victimes d’une répression militaire injustifiable. Pas une pizza. Pas une sauce. Un devoir de mémoire. Même en milieu scolaire. Même en salle de classe C2.

Et non, il n’existe pas de kebab de Verdun. Pas encore.

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