Les pieuvres exigent une couverture psy après avoir découvert leurs propres rêves
Atlantique Nord – Où vont les tentacules quand le cerveau dort ?
C’est une révolution silencieuse qui agite les abysses. Depuis la publication controversée du rapport de l’Institut Céphalo-Neurologique du Grand Récif, révélant que les pieuvres expérimenteraient une forme de rêve profond — avec changement de couleur, spasmes et parfois même des expressions faciales de surprise — les céphalopodes ne veulent plus plonger dans le sommeil sans accompagnement psychologique.
« Nous avons vu nos rêves. Et on ne peut plus les ignorer », confie Octavia, porte-parole de l’Union Libre des Céphalopodes Engagés (ULCE), lors d’une conférence de presse organisée dans une anémone abandonnée à 17 mètres de profondeur au large de Brest. « Entre les cauchemars de confrontation avec un homard géant et l’angoisse existentielle d’être pêchée pour finir sur une pizza, nous avons des traumatismes à traiter. »
Une Sécurité sociale océanique débordée
La demande n’a pas tardé à submerger la toute récente Sécurité sociale océanique (SSO), créée initialement pour couvrir les soins liés aux morsures de murènes ou aux disputes conjugales entre hippocampes.
« Nous n’avions clairement pas prévu une file de pieuvres en burn-out psy au guichet numéro 8 », soupire Norbert, un bernard-l’ermite muté à la gestion des remboursements pour la santé mentale. « Et ne me lancez pas sur les calmars adolescents… Ils réclament des séances de méditation transcendaloctopale. »
Selon la SSO, chaque pieuvre aurait droit à trois séances de thérapie individuelle par cycle lunaire. Au-delà, la prise en charge nécessite un dossier complet, comprenant un rêve retranscrit (via jet d’encre automatique sur parchemin d’algue) et un certificat de détresse émotionnelle émis par un hippocampe autorisé.
Le débat enfle dans l’écosystème
La Fédération des Méduses Syndiquées (FMS) a salué l’initiative, tout en appelant à l’équité. « Si les pieuvres ont droit à la psy, pourquoi pas nous ? Nous flottons toute la journée dans l’angoisse d’être confondues avec un sac plastique ! » a rappelé leur représentante, Glibla XIV, lors d’une manifestation bioluminescente jeudi soir.
En revanche, les crabes, très conservateurs, s’insurgent contre cette « déresponsabilisation chronique sous couvert de rêve mou ». Selon eux, les rêves font partie de la vie marine et « il faut apprendre à les réprimer comme nos ancêtres pinçaient leurs émotions ».
Des experts partagés mais fascinés
Le professeur Gaston Merlu, éthologue marin et auteur du best-seller “Freud dans la Fosse des Mariannes”, confirme que les pieuvres présentent une activité cérébrale complexe : « Elles semblent revivre des moments de chasse, de fuite ou d’interactions amoureuses maladroites. Certains spécimens montrent même des signes de regrets. Une pieuvre que nous avons nommée Léonard semble s’en vouloir d’avoir mangé son ex-partenaire de danse. »
Mais tout le monde ne partage pas cet enthousiasme. Le Congrès Mondial d’Éponges Pensantes a émis un communiqué prudent : « D’accord pour les émotions, mais de là à demander des psys algalogues agréés, il faudrait nous montrer un peu plus de datas au plankton-paragraphe. »
Les humains s’en mêlent
Face à la pression croissante, un groupe d’activistes humains appelé “Eight Minds Matter” s’est formé, exigeant la reconnaissance des pieuvres comme patients sentients. Ils proposent la généralisation de l’accès aux thérapeutes spécialisés en systèmes nerveux diffus.
« On a bien remboursé l’homéopathie pendant des années », argue Mélissa, fondatrice du mouvement. « Alors une pieuvre qui va mal, c’est au minimum un remboursement partiel, non ? »
Et demain ? La psychanalyse sous-marine
Selon certaines fuites, la SSO envisagerait de déployer des thérapies de groupe animées par une raie manta certifiée en gestalt-thérapie. Des cabines de flottaison-dissolution seraient à l’essai, où les pieuvres pourraient verbaliser en jet d’encre ce qu’elles ont sur le cœur… ou sur le système nerveux diffus, pour être scientifique.
En attendant, Octavia et ses camarades continuent leur lutte, tentacule levée : « Nous ne voulons pas seulement des droits. Nous voulons être écoutées. Même si nous n’avons pas d’oreilles. »
L’océan n’a pas fini de faire des vagues.